PORTRAIT
Corentin Manos, éleveur laitier à Arandas : « l’installation, une évidence »

Margaux Legras-Maillet
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Cette semaine nous partons à la rencontre de Corentin Manos, 25 ans, installé il y a un peu plus de quatre ans sur la ferme familiale le Gaec Les Perce Neige. En plein cœur du Bugey, il s’épanouit dans son métier et vit ses passions avec une vision de chef d’entreprise attaché à son terroir et ses animaux. 

Corentin Manos, éleveur laitier à Arandas : « l’installation, une évidence »
Corentin Manos, installé en janvier 2019 sur l’exploitation familiale. Photo/PF

Niché au cœur du Bugey, sur la commune d’Arandas, le Gaec Les Perce Neige, exploitation au nom empreint de poésie pastorale, est bien connu pour sa fabrication de Ramequin, fromage fermier de caractère au lait cru consommé en fondue. C’est ici, sur la ferme familiale, que Corentin Manos, s’est installé en janvier 2019. Après un Bac Pro CGEA1 (aux lycée Les Sardières de Bourg-en-Bresse), suivi d’un BTS ACSE2 (en apprentissage au CFPPA3 des Sardières), il sera salarié de l’exploitation durant six mois (dans le cadre de son parcours à l’installation) avant de s’associer avec ses deux oncles, Cédric et Lionel, et l’épouse de ce dernier, Émilie. Sur une SAU de 275 ha, déclinée en 190 ha de prairies permanentes, 40 ha de prairies temporaires et 45 ha de céréales à paille, ils gèrent un troupeau de 280 Montbéliardes, dont 120 laitières qui produisent quelque 900 000 litres de lait commercialisés à la coopérative Sodiaal et transformés en partie (150 000 litres) à la ferme, en Ramequins, fromages blancs, yaourts, crème, tome, bleu d’Indrieux, et brique d’espierre (fromage affiné à la bière).

Pour Corentin, s’installer en agriculture était « une évidence ». Il confie : « Je suis sur la ferme depuis tout petit, c’est une passion. J’ai l’envie aujourd’hui de faire évoluer la structure, c’est un aboutissement. D’autant plus que nous sommes en transition pour la production de lait à Comté pour une commercialisation prévue en janvier 2025 à la coopérative de Brénod. Nous stoppons donc cette année le maïs ensilage ». Les fromages fabriqués dans l’atelier de transformation de la ferme continueront d’être vendus quant à eux dans cinq magasins de producteurs de l’Ain, des restaurants, boucheries, GMS pour les yaourts, collèges et lycées via la plateforme Agrilocal 01. 
 
Conduite d’exploitation efficiente et adaptation 
 
Au Gaec Les Perce Neige, si les quatre associés (aidés d’une salariée dédiée à la fabrication des fromages au côté d’Émilie Manos) sont polyvalents, chacun a ses postes de travail de prédilection. Pour Corentin, c’est l’élevage des veaux et des génisses, ainsi que les cultures. Il précise : « Lorsque je me suis installé, l’exploitation avait 25 mères Charolaises. On a arrêté l’atelier pour se spécialiser dans le lait. Le troupeau laitier est alors passé de 90 à 120 mères. En 2019, année de mon installation, nous avons investi dans une salle de traite rotative, mise en service l’année d’après. Un investissement de 500 000 € HT, pour 28 postes de traite. Les vaches pâturent de mi-mars à octobre. Avec le passage en lait à Comté, les animaux ne mangent que de l’herbe et du foin. On fait donc attention à la qualité des prairies. On ressème tous les ans des légumineuses pour avoir de la protéine, et depuis cette année des variétés plus résistantes à la sécheresse, comme la chicorée, en mélange sur 7 ha, appétente et résistante au sec ». La partie séchage en grange a également été agrandie l’an passé, avec au final trois cellules de stockage (5 000 m3) avec récupérateur de chaleur sous le toit. « Cela nous permet d’avoir un foin de meilleure qualité et aussi de faucher plus tôt », ajoute l’éleveur. Le bien-être des animaux est l’une des priorités du Gaec : stabulation avec ventilation naturelle, mais aussi neuf gros ventilateurs, logettes tapis, animaux sortis la nuit en cas de fortes chaleurs et à l’intérieur le jour. Sur les alpages, les vaches disposent de quatre réserves d’eau de 100 m3 chacune. Les éleveurs ont le projet d’en créer une supplémentaire sur l’exploitation ainsi qu’un forage afin d’aller puiser dans une faille d’eau courante. Ils ont également misé sur la récupération de l’eau de pluie du toit de la stabulation pour le lavage extérieur.
 
25 ans et déjà très impliqué
 
S’il débute dans le métier, Corentin Manos fait preuve d’un engagement déjà fort. Il y a deux ans, il intégrait le bureau des Jeunes Agriculteurs de l’Ain. « C’est avant tout pour communiquer sur le métier, être présent dans les réunions pour défendre la profession, faire de nouvelles connaissances, le partage d’expérience, la convivialité aussi. Nous avons deux réunions par mois, le soir, à la Maison de l’agriculture de Bourg-en-Bresse, plus quelques autres, pour traiter des dossiers d’installation par exemple, ou des rencontres avec la Direction départementale des territoires, les stages 21 h avec la chambre d’agriculture au cours desquels un JA est amené à témoigner ». Corentin est également secrétaire adjoint du Parc collectif d’Arandas, un alpage de 160 ha (deux parcs où pâturent 110 génisses de cinq exploitations, de mai à octobre). Avec l’agriculture, sa deuxième grande passion reste la chasse, principalement au sanglier, mais aussi le chevreuil. Il aime aussi arpenter en solitaire les chemins avec son VTT, la marche à pied, les sorties entre copains, et les matchs de foot le week-end. Un bel équilibre de vie pour ce jeune chef d’exploitation qui a le goût d’entreprendre, le sens des valeurs, l’amour du métier et de son environnement.
 

1 Conduite et gestion de l’entreprise agricole
2 Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole
3 Centre de formation professionnelle et promotion agricole et agroalimentaire