CHANGEMENT CLIMATIQUE
Quel avenir pour les forêts du Bugey-Sud ?
La santé des forêts se dégrade avec le changement climatique. Face à l’urgence d’agir, élus, ONF et acteurs de la filière multiplient les actions de terrain et de communication.
L’impact du changement climatique laisse des traces déjà bien visibles sur les forêts aindinoises. Selon l’ONF (Office national des forêts), « plus de la moitié des forêts publiques gérées par ses services dans la montagne de l’Ain sont aujourd’hui touchées par le dépérissement des sapins et épicéas à un stade plus ou moins avancé ». Des peuplements fragilisés, désormais surveillés en continu par les techniciens qui observent des dépérissements majoritairement diffus ; mais lorsque le taux de mortalité s’avère trop important, les forestiers n’ont d’autres alternatives que de couper en réalisant parfois des coupes rases de plusieurs hectares.
Mais au juste, quelles sont les causes exactes de la mort des arbres ? Toujours selon l’ONF, « le manque d’eau peut causer la mort, ou les rendre vulnérables. Affaiblis, ils subissent des attaques massives d’insectes ravageurs, comme le scolyte, dont la prolifération est favorisée par les températures élevées. À partir d’un certain niveau de population de ravageurs, même des arbres sains sont attaqués et meurent ». Afin de sensibiliser les habitants du territoire sur l’avenir de ces forêts face au changement climatique et les actions menées pour les préserver, la Communauté de communes Bugey-Sud et l’Office national des forêts ont organisé le 11 septembre dernier une réunion publique à Valromey-sur-Séran. Réunion suivie par une foule nombreuse, preuve de l’intérêt porté au sujet par les habitants et élus du territoire.
Diversification des essences pour la forêt de demain
Les équipes de l’ONF sont fortement mobilisées pour replanter la forêt de demain. La régénération naturelle est favorisée en la complétant par d’autres espèces dans le but d’enrichir et diversifier le peuplement. Dans certains cas la plantation d’espèces adaptées au changement climatique s’impose pour rendre les forêts des montagnes de l’Ain plus résilientes. C’est là que les forestiers de l’ONF interviennent. En s’appuyant sur les travaux de ses chercheurs et de partenaires scientifiques, ils ont imaginé différents scénarios pour prévoir des actions sur le long terme. La forêt ainsi diversifiée sera à même de mieux résister aux vagues de sécheresse et d’épidémies. Si à l’échelle nationale sept millions d’arbres sont plantés chaque année en forêt publique, dans l’Ain, la Loire et le Rhône, ont été mis en place 180 000 plants durant l’hiver 2021/printemps 2022 et 206 500 plants l’hiver dernier, avec 47 espèces d’arbres différentes, en s’appuyant principalement sur les douglas, pins, mélèze, cèdre, chêne, érable et divers fruitiers. Des essais de plantations de séquoia et noisetier de Byzance sont menés sur Hauteville. Les équipes de l’ONF s’appuient sur des outils tel Clim’essences mis à disposition par le RMT Aforce (Réseau mixte technologique, ou encore l’application mobile For-Eval développée par l’Inrae et l’ONF pour mesurer la sensibilité des sols forestiers. L’État soutient les collectivités pour financer partiellement le reboisement des forêts impactées par le changement climatiques (dans l’Ain, une cinquantaine de dossiers bénéficiaires au titre du Plan de relance). En parallèle, d’autres dispositifs viennent compléter l’effort des communes pour reconstituer leurs forêts (fonds locaux des départements, mécénats, parrainage, label bas carbone). Concernant la forêt privée, les forestiers ont créé un fonds local de replantation, aidés par le Département et trois communautés de communes (jusqu’à 70 % d’aides sous certaines conditions). Tous les détails à retrouver sur : https://www.fibois01.org/download/1/file//fonds-local-bugey-presentation.pdf