MOBILISATION
Manifestation FDSEA-JA : « On marche sur la tête ! »

Patricia Flochon
-

Sans grande surprise, le passage au crible des rayons d’enseignes de la Grande distribution a livré mardi son lot de fraudes et de produits d’importation au détriment de l’Origine France. FDSEA et Jeunes agriculteurs dénoncent des promesses politiques non suivis d’actes. Revendications et propositions ont trouvé une écoute auprès de la préfète de l’Ain, Chantal Mauchet.

Manifestation FDSEA-JA : « On marche sur la tête ! »
Rassemblement devant la préfecture avant la rencontre avec Chantal Mauchet, préfète de l’Ain. Photo/PF

L’appel à la mobilisation de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs a trouvé un large écho ce mardi 21 novembre dans l’Ain. Au final, une quarantaine d’agriculteurs et agricultrices se sont rendus en fin de matinée dans quatre enseignes de la grande distribution pour des visites de contrôle portant sur les prix rémunérateurs et l’origine des produits agricoles. Les rayons de Promocash, Carrefour, Intermarché et Lidl ont été passés au crible, avec à la clé des « surprises » qui n’en sont pas vraiment. Jérôme Martin, secrétaire général de la FDSEA, d’expliquer : « Le but était d’aller dénoncer les importations françaises. À Promocash par exemple, une enseigne qui s’adresse principalement aux métiers de bouche, au final on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup de produits d’origine France. Cela reflète l’origine des produits d’aujourd’hui. Quand on s’adresse au directeur de Carrefour, celui-ci ne nous répond strictement rien. Il y a quand même des fraudes constatées. La marque distributrice Carrefour ne joue pas le jeu. Le groupe fait fabriquer des produits par ses industriels, il doit exiger du produit français. Nous avons aussi constaté des infractions sur la viande de poulet, avec des barquettes où il est indiqué Origine France alors que la viande vient de Belgique ou de Pologne, et en plus c’est sur des produits anti inflation. La marge est d’autant plus importante l’enseigne. On constate aussi des problèmes sur des marques comme Justin Bridoux, Aoste…  L’importation de viande de porc et de volaille d’Europe de l’Est est phénoménale, et par des entreprises locales. C’est à dénoncer ».
 
« Alimentation française, bientôt la FAIM… ?! » 
 
Dans le rang des JA et de la FDSEA, on s’insurge : « Depuis vingt ans, les importations françaises alimentaires ne cessent de croître, quand dans le même temps les volumes de production agricole française baissent tous les ans. Des prix qui ne couvrent pas les coûts de production, des contraintes de production toujours plus limitantes et incohérentes et surtout une absence totale de confiance des différents gouvernements envers ceux qui nourrissent la population : les Agriculteurs. Les beaux discours sur la souveraineté alimentaire sont restés sans effets. Pire, la France est aujourd’hui dépendante d’autres pays pour subvenir à l’alimentation de sa population. Alors que l’enjeu du renouvellement des générations d’agriculteurs n’a jamais été aussi fort, comment inciter des jeunes à s’investir dans des projets sans aucune visibilité économique ? ». Justin Chatard, président des JA de l’Ain en appelle à « une réelle vision d’avenir pour les jeunes », une urgence au regard de la baisse conséquente du nombre d’installations aidées, qui se dit déçu par un PLOA (Pacte et loi d’orientation agricole) « qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu ». En signe de protestation, la veille au soir, environ 150 agriculteurs et agricultrices s’étaient rendus dans une centaine de communes Aindinoises pour retourner les panneaux d’entrée d’agglomérations, tête en bas, pour symboliser le slogan : « On marche sur la tête ». Selon Jérôme Martin, « il s’agit d’une action simple, efficace, qui vise à servir de base de communication. Nous avions envoyé un mail à tous les maires du département pour expliquer la démarche ». 
 
Rencontre constructive avec la préfète
 
Reçus en petit comité par Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, en début d’après-midi, les responsables syndicaux se disent plutôt satisfaits de l’écho trouvé à leurs revendications. À l’instar de Jonathan Janichon, président de la FDSEA, qui apprécie d’avoir une préfète « à l’écoute et dans la position de nous accompagner dans les projets que nous avons, notamment sur la gestion de l’eau : stockage en extérieur et stockage par ré infiltration, qui va transmettre les constations de fraudes dans la GMS à la DDPP, ainsi que nos revendications concernant les retraites agricoles : retenir les 25 meilleures années, indexation du point de retraite par rapport au coût de la vie, etc. ». Autres sujets abordés avec la représentante de l’État : le loup, l’installation, la directive IED (relatives aux émissions industrielles) en négociation au niveau européen et les coûts supplémentaires redoutés par la profession agricole. Et Jonathan Janichon de conclure : « Nous avons également demandé un renforcement de la loi EGalim pour plus de contrôles ainsi que le renforcement de l’Observatoire de la formation des prix et des marges ».