COLLECTIVITES
Les maires ruraux en attente d’un « vrai » statut de l’élu local

Communes et intercommunalité…, les maires ruraux confirment l’urgence de revoir l’équation !
Les maires ruraux en attente d’un « vrai »  statut de l’élu local

Lors de l'assemblée générale de l'association des maires ruraux de l'Ain, vendredi dernier à Reyrieux, sa présidente, Marie-Jeanne Béguet, présidente de l'association départementale a commencé par donner son sentiment sur les regroupements de communes. « Nous vivons des destins communs sur un territoire déterminé. Lorsque l'on a un projet commun, pourquoi effectivement ne pas se regrouper et créer une commune nouvelle... Certains en sont très heureux, pour d'autres le résultat est moins probant. Il ne faut pas pour autant se leurrer. Il y a surtout un territoire, avec du mitage, un habitat dispersé qui va être regroupé dans des bourgs et donc une gestion tout à fait particulière. La loi propose des choses intéressantes. A nous de nous en emparer dans l'intérêt général et des habitants ». Poursuivant sur l'avenir de la commune, elle souligne : « monsieur le Premier Ministre nous a assuré de la pérennité de la commune et pour autant, sur le terrain, nous nous posons des tas de questions au regard de la réalité. Trois points nous paraissent essentiels. En premier lieu, le mode de représentation ; nous souhaitons que dans les intercommunalités ce mode de représentation soit revu et de nous inspirer du modèle européen. Comment faire entendre la voix des maires, si nous voulons toujours une intercommunalité de moyens ? Il faudrait instituer une conférence où les maires seraient consultés sur les grands projets et qu'ils donnent un avis conforme et non pas simplement un avis simple pour les gros investissements à réaliser ». Autre doléance : « tenir compte de la notion de territoire et ne pas parler uniquement de la population ». Dans une motion adoptée lors du congrès national le 23 septembre dernier, l'association des maires ruraux de France appelle les élus municipaux, partout en France,
« à réinvestir les conseils communautaires » et que tout soit engagé pour que « les communes rurales reprennent leur légitime place au sein des structures de coopération intercommunale dont le mode de fonctionnement actuel bride la capacité d'agir des communes qui en sont membres ».

 

Marie-Jeanne Béguet, présidente de l’association des maires ruraux de l’Ain.

Appel à la révolte

Marie-Jeanne Béguet s'est fait fort de relayer « l'appel à l'action et à la révolte » lancé au niveau national : « la révolte est aujourd'hui nécessaire, parce que rester inerte c'est être complice de la surdité d'une haute fonction publique trop certaine de son fait, faute de résistance. Les élus de proximité doivent être respectés ». Bernard Grison, président de la communauté de communes Dombes Saône Vallée a rappelé avec force : « notre intérêt à tous est de servir nos concitoyens et non pas de nous déchirer entre nous. Ce qui nous rassemble, c'est bien de servir et de faciliter l'émergence de nouveaux citoyens sur notre territoire. Nos associations nationales d'élus devraient se rassembler pour qu'enfin soit institué un vrai statut de l'élu local qui manque aujourd'hui cruellement, sinon, nous aurons de plus en plus de difficultés à attirer des jeunes pour prendre le relai ! ».

Changement climatique : développer des territoires à énergie positive

Au-delà des vicissitudes liées à la gestion du quotidien (manque de moyens financiers, réduction des services publics, détérioration des conditions de mobilité, lenteurs de l'arrivée des outils technologiques attendus par les concitoyens...), l'association des maires s'intéresse de très près aux conséquences du changement climatique, qu'elle a placé au cœur des débats de son assemblée générale. Comment gagner la bataille du climat ? Comment financer la transition écologique et créer massivement des emplois de la façon la plus juste et la plus efficace possible ? Autant de questions auxquelles a répondu vendredi l'économiste Pierre Larrouturou, initiateur et délégué général du collectif Pacte Finance-Climat. Effondrement de la biodiversité, catastrophes climatiques, incidences sur l'agriculture (à cause des inondations la récolte de blé a chuté d'un tiers en 2016 en France et en Belgique)... Pierre Larrouturou tire la sonnette d'alarme et en appelle à la mise en place d'un vrai plan Marshall. Et d'ajouter : « le but est de diviser par deux la consommation d'énergie. Il faut innover au plus près des territoires. Les communes rurales ont elles aussi des atouts à faire valoir sur le plan énergétique. Trouver des solutions, se mobiliser, être créatif pour des territoires à énergie positive ». Suivant l'exemple de l'AMRF, l'association des maires ruraux de l'Ain a décidé de rejoindre le collectif. 

Patricia Flochon