VŒUX 2024
« Jamais le Département n’a investi autant qu’en 2023 »
Depuis qu’il est à la tête du Département de l’Ain, Jean Deguerry a pris l’habitude de s’adresser à la presse deux fois par an, à la rentrée du mois de septembre, puis pour lui adresser ses vœux en janvier. Le 9 janvier dernier, il est revenu sur les temps forts de 2023 et les ambitions pour 2024.
Après un rapide et positif prologue sur la démographie du département – plus 6 000 habitants par an – Jean Deguerry ne pouvait esquiver la question de l’accueil des mineurs non accompagnés. Une affaire qui vient ternir le ton encourageant du président en ce début d’année. Après la suspension par la justice de sa décision d’interrompre temporairement l’accueil des MNA à partir du 1er décembre, Jean Deguerry lance un nouveau cri d’alerte. Malgré l’ouverture de 150 places en 2023, le Département n’est pas en capacité de loger ces 278 jeunes dont 40 % seraient « de faux mineurs » selon le président. Après l’ouverture par l’association Tremplin de 25 places supplémentaires et la demande aux bailleurs publics de prendre en charge les personnes avérées majeures, le président du Département en appelle à la responsabilité de l’État pour créer « un sas d’accueil », le temps de répartir les mineurs et non mineurs entre les différentes structures.
Plusieurs dossiers dans les tuyaux
C’est avec le sourire aux lèvres que Jean Deguerry est par la suite revenu sur les avancées de l’année 2023. Les quatre postes de médecins salariés créés l’an passé sont désormais tous pourvus, derniers en date dans le Pays de Gex et en Arbent près d’Oyonnax. Le président a également promis le renforcement des projets de contractualisation avec les EPCI du territoire (400 dossiers en 2023 pour 20,5 M€ auxquels s’ajoutent des aides à la Banque alimentaire et à la SemLéa) dans le cadre du futur plan Vélo. « 2 M€ seront in fine destinés à « l’Ain, terre de vélo », a-t-il annoncé.
À l’aube d’une année consacrée à l’olympisme, il s’est aussi réjoui d’une saison touristique 2023 très favorable. Celui qui a été nommé référent des Départements de France pour les Jeux olympiques 2024 a en revanche confié avoir refusé le passage de la flamme dans l’Ain en raison de « coûts exorbitants » (150 000 €) demandés en contrepartie. Une décision pour laquelle il dit avoir été plutôt soutenu par les élus locaux.
Jean Deguerry est également revenu sur la question de l’eau, l’une des six priorités de sa mandature. Parmi les rendez-vous de l’année, il a notamment cité la journée mondiale de l’eau qui se tiendra le 22 mars. Bien qu’encore opaques pour le moment, plusieurs actions censées améliorer la gestion de la ressource devraient voir le jour durant le printemps dans le cadre de l’Eau de l’Ain. Et Jean Deguerry de souligner : « On a tendance à croire que les agriculteurs et les industriels sont ceux qui consomment le plus, mais ce sont nous donc chaque petit geste est important ».
Dans la foulée de la labellisation Ramsar de la Dombes l’année dernière, trois autres labellisations devraient suivre et un quarantième espace naturel sensible (ENS) devrait également voir le jour. Par ailleurs, le département de l’Ain se porte candidat pour accueillir le séminaire annuel Ramsar en 2025.
Le budget sera voté en février
Les grandes orientations budgétaires ont été abordées lors de la dernière session du conseil départemental en décembre dernier et devraient être approuvées le mois prochain. Si Jean Deguerry consent n’avoir aucune visibilité sur le maintien du niveau des DMTO *, déjà bien caviardés ces dernières années, il ne veut pas attendre après l’État. Confiant, le président ne compte pas freiner ses investissements : « Malgré une baisse des DMTO de 20 % nous avons investi massivement. Jamais le Département n’a autant investi qu’en 2023 (163 M€ au total, NDLR) avec un taux de réalisation de 97 %, ce qui veut dire que nous avons eu raison et que nos équipes ont fait le job ! Nous savions que de 2023 à 2025, il y aurait un pic avec la construction de collèges neufs en 2023 et en 2024 mais lorsque les DMTO étaient largement positives nous savions que cela ne durerait pas donc nous avons thésaurisé pour que cela ne retombe pas sur les EPCI ».
Rappelant son indéfectible soutien aux collectivités, Jean Deguerry a par là même annoncé vouloir démarrer des Assises des EPCI en juin prochain. Le président entreprend également un grand chantier de rapatriement des services du département, aujourd’hui répartis sur 13 sites différents et éloignés les uns des autres. La Madeleine, l’INSPE et les archives seront les premiers services concernés. Cette rationalisation prendra du temps et devrait déborder du mandat.
Jean Deguerry attend une vraie loi de décentralisation
Enfin, interpellé sur le dernier remaniement ministériel, Jean Deguerry s’est montré plutôt favorable à un retour de professionnels de la politique à des postes de ministres : « J’ai toujours dit que la politique était un métier à part, et je pense que l’on arrive à la fin de cette société civile. Le gouvernement se droitise, ce n’est pas pour me déplaire, mais je souhaite surtout que ce soit la France qui gagne ». En revanche, il n’a pas caché son inquiétude quant au fait de « confier des dossiers d’importance, tels que l’éducation nationale, à la ministre des sports… ». Toujours dans l’expectative d’un soutien actif de l’État vis-à-vis des collectivités locales, Jean Deguerry attend par ailleurs une « vraie loi de décentralisation » de la part du nouveau Premier ministre Gabriel Attal. « Ce n’est pas Paris qui peut faire toute la différence seul, il faut redonner du pouvoir aux collectivités, aux départements et aux préfectures », a-t-il martelé. Désormais membre permanent au sein du bureau de l’assemblée des départements de France (ADF), Jean Deguerry n’espère finalement qu’une chose : de « l’efficacité ».
*Droits de mutation à titre onéreux.