ELEVAGE
Prim'Holstein : Une année peu chargée mais de bons résultats en morphologie

Margaux Legras-Maillet
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Le syndicat Prim’Holstein de l’Ain a tenu son Assemblée générale mardi 15 mars sur l’exploitation du Gaec du Mollard à Etrez. A l’ordre du jour, le point sur le cheptel du département et une discussion autour de la méthanisation

Prim'Holstein : Une année peu chargée mais de bons résultats en morphologie
Aux pointages NG, MA, FO, SL et ME, l’Ain se place systématiquement au-dessus de la moyenne régionale, mais aussi française. Photo/FlorentChapon

Avec une activité relativement « faible et calme » l’an passé, l’Assemblée générale a été de courte durée et les comptes affichent un résultat positif de plus de 3 500 €, sans difficultés. Covid oblige, le syndicat Prim’Holstein de l’Ain a seulement organisé son concours départemental en juillet dernier et participé qu’à quelques événements comme le Sommet de l’Élevage à Cournon-d’Auvergne. Annulée en 2021, l’AG de cette année était élective. Le tiers du bureau sortant s’est vu renouvelé, à l’exception de Cyril Baillet et Pascal Grange qui n’ont pas souhaité solliciter un nouveau mandat. Ils ont été remplacés par Mathieu Grange (Courtes) et Marie Dupras (Misérieux). « On peut se féliciter d’avoir un syndicat et des éleveurs aussi dynamiques, le concours départemental (préparé en un mois, ndlr) en est la preuve », s’est réjoui Florent Chapon, président du syndicat. L’année 2022 devrait s’annoncer plus chargée avec entre autres l’envoi de 10 animaux à la fête du lait à Louhans le 18 avril prochain, l’Expo du futur les 16 et 18 juin, un voyage aux États-Unis repoussé depuis deux ans prévu en octobre et la Journée paysanne à Gex le 30 octobre. 
 
Les éleveurs de l’Ain performent 
 
Et si l’année a été plus calme en 2021, les éleveurs n’ont eux pas chômé et le cheptel affiche de bonnes statistiques. Avec 6 664 vaches laitières, plus de 21 % du cheptel aindinois est inscrit au contrôle de performance, un chiffre plutôt stable par rapport à l’année précédente malgré une légère baisse alors que la production de lait est, elle, en hausse avec plus de 8 900 de kg de lait à 39,9 de TB et 31,9 de TP pour 645 kg de matière utile (MU), soit 15 kg de plus que l’an dernier. A noter que les cinq plus gros producteurs de MU sont équipés en robots traite. Du côté des meilleures lactations, plusieurs élevages sortent du lot : Gaec Ferme Morel, Gaec du Mollard, Gaec P2MN, Gaec des Cours, Gaec du Bois semé, Gaec du Moleson, Gaec des Dombes, Gaec des Feux follets et Gaec de Baritel pour les 6ème et 7ème lactations. De plus en plus d’éleveurs s’inscrivent également au contrôle laitier avec 6 965 vaches inscrites. « Au niveau français, ça na représente que 0,004 % du cheptel, mais ce qui est intéressant, c’est le taux de pénétration (42,50 %), ce qui veut dire que les éleveurs de l’Ain sont motivés pour s’inscrire », s’enthousiasme Florent Chapon. Et s’ils ne pèsent pas lourd en nombre, les éleveurs de Prim’Holstein du département performent en génétique. « Je pense qu’aujourd’hui les gens ont remis du taureau dans les choix laitiers et la morphologie, on va la conserver », analyse le président. Aux pointages NG, MA, FO, SL et ME, l’Ain se place systématiquement au-dessus de la moyenne régionale, mais aussi française. Le premier élevage en NG du département (Gaec Guyot) se place par exemple en 11ème position française ; le meilleur en lait brut (Gaec du Mollard), arrive lui 4ème français, talonné de peu par le Gaec des Cours (5ème au niveau français) ; le meilleur en TP brut (EARL de l’Angle) est lui 3ème français. « C’est une belle performance, souligne Florent Chapon qui précise par ailleurs : on retrouve globalement en haut de la liste les mêmes élevages, ceux qui travaillent pour un schéma de sélection donc ceux qui font de la génétique, c’est normal. »
L’AG s’est tenue neuf ans jour pour jour, sur la même exploitation, Gaec du Mollard à Etrez. Depuis 1982, l’exploitation familiale de Robert Brevet a bien changé. La ferme est passée d’un cheptel de 30 vaches laitières pour 45 ha à 134 vaches avec une production de plus de 12 000 kg de lait pour une 270 ha de SAU, en cultures blé, orge, maïs grains et ensilage, prairies et dérobés. En 2019, l’exploitation a fait construire une unité de méthanisation en co-génération (210 kW), suivi d’un séchoir en 2021. Cette année elle prévoit d’agrandir son bâtiment de stockage pour y installer 540 m2 de panneaux photovoltaïques pour une production de 200 kW, mais aussi de construire un bâtiment de stockage des céréales et un atelier/bureau. Lieu propice à l’ouverture d’une discussion autour du développement de la méthanisation. 
 
Méthanisation : les agriculteurs ne doivent pas passer à côté ? 
 
Olivier Rebaud, gérant de l’entreprise Green2gas et invité par le syndicat, a vendu les bienfaits de la méthanisation à l’heure où la dépendance de la France vis-à-vis de l’énergie pèse sur les agriculteurs. « On parle beaucoup aujourd’hui de la hausse des coûts des engrais et de l’énergie, on peut y remédier avec la méthanisation. Le Gaec P2MN de Courtes et le Gaec du Mollard (dont Olivier Rebaud a dressé le bilan) ont pu réduire leur achat d’engrais azoté de près d’environ 1/3 », souligne-t-il. En dix ans, l’entreprise a construit une quarantaine d’unités de méthanisation sur la région dont une bonne partie dans l’Ain. Pour certains agriculteurs, « balancer des tonnes de céréales dans un méthaniseur alors qu’1/3 de la population mondiale a faim » leur pose un cas de conscience, de même que le risque avec « la pression sur le foncier, c’est que des grosses exploitations bouffent les petites pour planter du maïs. » Si la vigilance est de mise pour Olivier Rebaud sur ces sujets, le fondateur de Green2gas estime que la réglementation française protège davantage que dans d’autres pays contre les dérives avec entre autres l’interdiction d’introduire plus de 15 % de cultures principales dans un méthaniseur. Par ailleurs, se lancer dans la méthanisation est tout autant lié à la survie de l’agriculture française pour Olivier Rebaud : « On observe aujourd’hui un conflit entre les milieux industriel et agricole pour capter la valeur ajoutée du biogaz. Ma crainte, c’est que si les agriculteurs ne se saisissent pas du biogaz et que des industriels comme Total ou Engie investissent dans des modèles où l’agriculteur n’est qu’un simple apporteur de matière, alors il se passera dans 20 ans la même chose qu’avec le lait. La valeur ajoutée restera dans les mains des transformateurs et des distributeurs. »