PISCICULTURE
Poissons de Dombes : un travail de fond qui porte ses fruits

Patricia Flochon
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Avec une bonne saison de pêche 2022 avoisinant les 1 000 tonnes de poissons, la filière piscicole dombiste entend maintenir le cap, avec le soutien financier du Département de l’Ain, et l’ambition de rester au premier rang piscicole français. 

Poissons de Dombes : un travail de fond qui porte ses fruits
Pierre La Rocca, président de l’Apped et Stéphane Mérieux, président du Syndicat des étangs de la Dombes, entourés de Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, Gérard Branchy, vice-président de la Communauté de communes de la Dombes et Jérôme Buisson, député de l’Ain. PHOTO/ PF

Malgré les températures élevées de l’été dernier, la saison de pêche 2022 a été qualifiée de « véritable réussite » par Pierre La Rocca, le président de l’Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes). Pour la seconde année consécutive, la production dépasse en effet les 1 000 tonnes, dont plus de 980 sous la bannière des collecteurs de l’Apped. Et le président de souligner : « Grâce à des pratiques de pêche plus durables et un suivi méticuleux de la qualité de l’eau, vous, pisciculteurs avec l’appui technique de l’Apped, avez réussi malgré les difficultés. Un succès rendu possible grâce à l’action de nombreuses associations, entreprises et acteurs locaux qui travaillent ensemble pour promouvoir la pêche saine et durable en Dombes. Nous faisons depuis longtemps déjà des assemblées générales communes avec le Syndicat des étangs pendant lesquelles nous traitons de sujets qui nous rassemblent. Et depuis le lancement de la Maison de la pisciculture et le renfort de l’Adapra*, nous avons pu créer une structure unique en son genre et pionnière dans son efficacité, facilitant les échanges et la performance dans des dossiers comme la pêche en pleine eau où les trois structures interviennent à leur niveau pour faire avancer les choses ». Même si le déficit de pluies hivernales a contraint à sacrifier certains étangs pour en maintenir d’autres en production, on se veut positif à l’Apped, comme au syndicat des étang de la Dombes, poursuivant l’objectif de rester au premier rang piscicole français.
 
Une année 2023 teintée d’inquiétude
 
Même si l’année 2022 est jugée bonne, l’analyse des registres d’élevage laissent transparaître une grande disparité de résultats. Si certaines exploitations ont subit de lourdes pertes à cause du manque d’eau et des fortes chaleurs, engendrant des baisses de production, en particulier sur les blancs et les brochets, à contrario d’autres ont fait une saison record. Le volume total collecté par les cinq collecteurs de l’Apped avoisine les 1 000 tonnes (989 très précisément). Seules les années 2014 et 2021 avaient dépassé ce volume depuis la mise en place de l’observatoire de la filière (en 2014). Le point fort étant que l’augmentation progressive du prix du poisson engendre de bonnes marges brutes globales pour les exploitants d’étangs. 
 
L’eau en Dombes, un bien collectif à optimiser
 
Pour rappel, la chaîne d’étangs est un réseau protégé. Les étangs sont reliés les uns aux autres sans connexion avec le Rhône et la Saône. Afin d’en optimiser la gestion, un réseau de fossés permet de récupérer les eaux de ruissellement, les eaux de vidange des étangs, et de garder l’eau au maximum sur le plateau de la Dombes. Et Stéphane Mérieux, le président du Syndicat des étangs, de rappeler la nécessité d’entretenir ces fossés, d’organiser et de communiquer les dates de pêches. Tout en insistant sur le fait que lorsque des travaux autres que ceux d’entretien sont réalisés sans respecter la procédure administrative de déclaration ou d’autorisation, tout contrevenant s’expose à des sanctions pénales et administratives. 
 
L’espace adhérents : un outil innovant au service des pisciculteurs
 
C’est non sans fierté que Pierre La Rocca annonçait samedi la création d’un Espace adhérents qui s’avérera précieux à plusieurs niveaux : « Il s’agit d’un outil très innovant. Aucune filière piscicole en France n’en est équipée. Il offrira : une aide à la gestion des étangs, avec un logiciel métier qui viendra ensuite alimenter des bilans chiffrés ; la gestion des dossiers de subventions du Livre Blanc de la filière piscicole ; le calendrier des pêches, dans l’objectif d’améliorer la gestion de l’eau à l’échelle des chaînes d’étangs ; les actualités de l’Apped ; et la gestion de la marque Poissons de Dombes. Un outil qui sera assorti de formations dédiées ». Le lancement de la version test est prévue pour l’automne prochain. 
 
Livre blanc : 713 680 € de crédits attribués en 2022
 
Ainsi que le rappelait Jean-Yves Flochon, vice-président du Département, « les Livres blancs successifs traduisent une vraie volonté politique ». Au 31 décembre 2022 (1ère année d’application du troisième Livre blanc de la pisciculture 2022 – 2025), le montant global attribué par le Département de l’Ain était de 713 680 €, soit près de 88 % du montant annuel 2022 des crédits attribués (811 000 €). Avec comme axes forts : l’adaptation des pratiques liées au changement climatique, la gestion de l’écosystème des étangs, la professionnalisation de la production piscicole, et le développement de la consommation de Poissons de Dombes. Et Jean-Yves Flochon d’ajouter : « Le Département continue également à soutenir financièrement le travail pour effaroucher les cormorans et piéger les ragondins. Une enveloppe globale de 85 000 € sera allouée au piégeage des ragondins. Concernant les plantes invasives, et en particulier la Jussie, nous finançons à hauteur de plus de 50 000 € par an pour faire en sorte que les sites infestés soient nettoyés (dans le cadre du plan de lutte départemental en lien avec la Fredon Aura, ndlr). Il y aura une avancée on l’espère avec la mécanisation partielle. Je remercie la fédération des Cuma qui nous a accompagnés sur ce sujet ». Concernant la régulation du cormoran, bête noire des étangs, Stéphane Mérieux a rappelé « la chance dans l’Ain d’avoir des quotas de tirs pour trois ans, soit un quota de 4 500 oiseaux prélevables chaque année. Nous sommes le seul département de France à avoir conservé notre quota d’oiseaux ! Par contre, si l’arrêté ministériel autorise les préfets à prendre des arrêtés pour les eaux closes, ils ne peuvent donner des autorisations de tir sur les eaux libres. Nous nous sommes donc rapprochés de la fédération de pêche pour les aider, avec laquelle nous allons compter les cormorans pour apporter des éléments chiffrés, à nos députés notamment. »


* Association pour le développement de l’aquaculture et de la pêche en Rhône-Alpes.

Chiffres clés

989 tonnes de poissons collectées en 2022, dont 64 % de carpes ;
7 204 ha cadastrés d’étangs ;
629 étangs en production piscicole ;
146 propriétaires et exploitants ;
2 écloseurs ;
5 collecteurs ;
3 transformateurs ;
50 % des poissons collectés sont valorisés sur le marché du repeuplement, soit 438 tonnes. Les 50 autres pourcents, valorisés sur le marché de la consommation. 

Portrait

Portrait
Maryline Jacon, nouvelle directrice de l’Apped. Après un peu plus de vingt années à la Chambre d’agriculture (d’abord en tant que conseillère agronomie et environnement, puis en 2007 au service conseil d’entreprises pour accompagner les porteurs de projets d’installations équestres et équines ; en 2015 chargée de mission pour la filière régionale, et enfin en juin 2021 à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, toujours en tant que chargée de mission filière équine) Maryline Jacon intégrait l’Apped fin avril. PHOTO/ PF