PLAINE DE L’AIN
L’Ain a accueilli la finale régionale des concours de chevaux de trait

Margaux Legras-Maillet
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Alors que l’Ain a accueilli la finale régionale des concours de chevaux de trait, ce samedi à Saint-Jean-de-Niost, en races percheronne et comtoise, Hubert Masson, président du Seuct’Ain*, fait le point sur la filière dans l’Ain.

L’Ain a accueilli la finale régionale des concours de chevaux de trait
Au total, 150 concurrents se sont affrontés dans de multiples catégories. Une soixantaine venait de l'Ain. Photo/Seuct'Ain

L’accueil de la finale régionale de concours de chevaux de trait est-il la preuve que l’élevage de chevaux de trait se porte bien dans le département ? 
Hubert Masson : « Dans l’Ain, ça fait déjà trois ans qu’on n’organise plus de finale départementale, les éleveurs s’inscrivent directement au régional, parce qu’il y a de moins en moins d’éleveurs. Durant la finale régionale, on a organisé un spectacle équestre qui a bien plus au public et on a fêté les 20 ans du syndicat, mais on a moitié moins d’adhérents aujourd’hui. Ils sont entre 45 et 50 aujourd’hui. »
 
Comment expliquer ce déclin ? 
H.M. : « Il y a une dizaine d’années, le cheval de trait se vendait très mal, que ce soit pour la viande ou l’élevage. Les prix avaient tellement baissé que les gens se sont débarrassés de leurs chevaux, c’est ce qui explique en partie le fait qu’ils y aient moins d’éleveurs. Il y a aussi une génération d’éleveurs qui est partie à la retraite et les reprises d’exploitation se sont faites sans les chevaux. »
 
Quelle place occupe l’Ain dans la filière ? 
H.M. : « Au niveau de la région et de l’Ain, on est bien doté en quantité et en qualité. On n’a pas à rougir même si la région Aura n’atteint pas la place de la Normandie. Aujourd’hui, on a moins de difficulté pour vendre un cheval pour de l’élevage. Il y a une époque où c’était valorisé à 50/50 en élevage et en viande, aujourd’hui c’est trois quarts élevage, un quart viande. Les gens consomment un peu moins de viande chevaline, il y a de moins en moins de bouchers chevalins, il doit en rester deux ou trois dans l’Ain. »
 
Peut-on parler d’un second souffle ? Comment sont valorisés aujourd’hui les cheptels ?
H.M. « Les éleveurs qui restent sont des passionnés, ils sélectionnent leurs accouplements et des produits qui naissent dans l’Ain ont de la qualité, beaucoup de Percherons repartent en Normandie comme reproducteurs, et en Franche-Comté pour les Comtois. Les chevaux sont utilisés pour la reproduction, les concours mais aussi à l’exportation. Le cheval de trait s’exporte notamment dans les pays de l’Est pour les bardages, le travail dans les vignes, pour des actions publicitaires. Un pays comme l’Allemagne attèle beaucoup de Percherons par exemple. 
On est moins d’éleveurs mais on sent une certaine jeunesse qui s’y intéresse. Il y a des lycées dans le cheval mais pas de formation pour les éleveurs de chevaux de trait. Peut-être que cette filière n’est pas assez valorisée. Avoir un cheval de trait au milieu de vaches allaitantes n’est pas ridicule, aujourd’hui un poulain se vend aussi cher qu’un broutard voire même un peu plus. Un poulain pour l’élevage se vend de 1 200 à 2 000 € au sevrage, et de 1 300 à 2 100 € poids vif pour la viande. La mixité dans les troupeaux dans les pâturages pourrait être pas mal. Reste à motiver les éleveurs à mettre des chevaux dans leurs prés. On est le seul pays au monde à avoir neuf races de chevaux de trait il faut conserver ce patrimoine envié par plein de pays. »
 
*Syndicat des éleveurs et utilisateurs de chevaux de trait de l’Ain. 

Retour sur la finale régionale

 L’Ain a accueilli samedi dernier les deux finales régionales des concours de chevaux de trait – modèles et allures – en races percheronne et comtoise à Saint-Jean-de-Niost. La journée, organisée par le Seuct’Ain qui soufflait par la même occasion sa vingtième bougie, s’est déroulée sur un terrain communal derrière la salle polyvalente. Quelques 150 engagés, dont une centaine en Comtois et quelque 50 en race percheronne, se sont disputés la première place de chaque section (étalon, pouliche d’un an, deux ans, trois ans, etc.). Une des juments d’Hervé Guillemot, de la Ferme du Bois de But à Viriat, est sacrée Grande championne en race percheronne. D’autres éleveurs ont été sélectionnés pour représenter la filière régionale lors de la finale nationale. Elle aura lieu les 9 et 10 septembre prochains à Maîche dans le Doubs pour la race comtoise, et les 23, 24 et 25 septembre au haras national du Pin en Normandie pour la race percheronne.