CONGRÈS FDSEA
Trouver des solutions, c’est les anticiper

Le congrès de la FDSEA s’est tenu cette année à Foissiat. Le syndicat agricole a réaffirmé son engagement à défendre une agriculture vertueuse, qui préserve l’intérêt des agriculteurs et réponde aux attentes de la société.
Trouver des  solutions, c’est les anticiper

La Bresse, lieu d'excellence de la gastronomie française, avec son poulet, son beurre, sa crème, ses produits d'appellation et ses pratiques ancestrales, qui garantissent aux productions de ce territoire une reconnaissance incontestable. La Bresse, lieu aussi d'une agriculture diversifiée, de paysages bocagers, où les agriculteurs sont nombreux et contribuent à pérenniser une production agricole de qualité. La Bresse, aujourd'hui pourtant, « symbole des incohérences des choix politiques agricoles », constate Adrien Bourlez. Vendredi 16 mars à Foissiat, la FDSEA de l'Ain n'aurait pas pu choisir territoire plus représentatif pour organiser son congrès annuel, qui témoigne de ce que l'agriculture peut produire de mieux et des lourdes contraintes auxquelles elle doit pourtant faire face pour y parvenir.

La meilleure traçabilité

Première illustration de cette incohérence : le combat mené ces derniers mois par le syndicalisme majoritaire pour le prix des produits agricoles. Avec les États généraux de l'alimentation, obtenus grâce aux « importantes mobilisations syndicales de 2015, 2016 et 2017, [...] nous changeons littéralement le code de la route pour changer le modèle de construction des prix », explique le président de la FDSEA. Les EGA ont également pointé les attentes des consommateurs vis-à-vis de leur agriculture et de leur alimentation : de la qualité, de la traçabilité, de la durabilité et de la proximité. « Sans chauvinisme, nous avons la meilleure traçabilité au monde, [l'agriculture] la plus propre [et] la plus proche », poursuit Adrien Bourlez.
La promesse serait donc d'enfin tenir compte des efforts des agriculteurs pour répondre à ces nombreuses exigences, si bien illustrés en Bresse, en intégrant les coûts de production dans les prix alimentaires, afin que les premiers puissent vivre de leur métier et poursuivre leur action vertueuse. Pourtant, dans le même temps, « on est prêt à négocier dans le cadre des accords avec le Mercosur des contingents de produits agricoles dont la qualité, la traçabilité, la proximité sont à l'opposé des attentes de la société », s'insurge le syndicaliste. Pourquoi ? Pourquoi, également, il y a quelques semaines, la nouvelle carte des zones défavorisées simples a-t-elle exclu 28 communes de haute Bresse historiquement classées ? Pourquoi, enfin, il y a tout juste un an, 51 communes l'Ain passaient en zones vulnérables, dont une partie issue du territoire bressan ? « Aujourd'hui, toute cette diversité, tous ces efforts réalisés pour faire des produits de qualité sont remis en cause. Et si toutes ces décisions sont prises, les règles des États généraux ne pourront empêcher le déclin de notre tissu agricole départemental. »

Un refus constructif

Le syndicalisme agricole majoritaire reste donc mobilisé pour réintégrer les communes exclues des ZDS, a réaffirmé Adrien Bourlez. La FDSEA organise actuellement des rencontres avec les élus du territoire pour « maintenir la pression ». La fédération continue également de refuser l'accord de libre-échange avec le Mercosur, tout comme elle ne se résoudra pas à accepter « les règles de classement des zones vulnérables ainsi que les mesures de mises aux normes imposées ». Idem pour les règles imposées pour l'utilisation des produits phytosanitaires. Des positions franches, défensives, mais avec aussi une réelle volonté de construire, a assené le président. « Si les États généraux ont existé, c'est parce que nous avons proposé un autre mode de construction des prix. Si nous refusons les règles de la directive nitrates, c'est parce que nous proposons des règles basées sur les résultats et non les moyens. Si nous refusons l'arrêt du glyphosate, c'est parce que nous proposons des méthodes de culture innovantes, écologiques et agronomiques qui le nécessitent. »
« Trouver des solutions, c'est les anticiper » clame Adrien Bourlez : cela pourrait être le leitmotiv d'une profession agricole bien consciente des enjeux, alimentaires, sociétaux, environnementaux auxquels elle doit et devra répondre. « Cela commence par la communication [...] sur nos pratiques, sur notre métier, sur notre réalité, sur la qualité », explique le président de la FDSEA, dont l'organisation a réformé en 2017 ses outils de communication internes et externes. C'est aussi être au cœur des débats. A l'occasion de son congrès, la fédération départementale avait choisi de parler d'environnement et du contrat de solutions lancé par FNSEA quelques jours plus tôt, au cours du Salon de l'agriculture (lire encadré). Elle organisera le 5 avril une soirée-débat sur le bien-être animal au cinéma La Grenette à Bourg-en-Bresse.

De nouveaux services

Pour accompagner les agriculteurs à relever ces nombreux défis, le syndicat a annoncé le renforcement de son équipe syndicale et le développement de nouveaux services aux adhérents. En 2018, elle sera à l'initiative du lancement d'un service dédié à l'emploi agricole, en partenariat avec les organisations agricoles du département, plus particulièrement le syndicat des Jeunes agriculteurs, la chambre d'agriculture et la fédération des Cuma de l'Ain, et avec le soutien du conseil départemental. Dernier projet en date : la construction d'une offre d'assurance collective pour répondre aux phénomènes météorologiques violents et permettre aux exploitations d'en atténuer l'impact lorsqu'elles en sont les victimes. Les ambitions et les projets au service des agriculteurs ne manquent pas, a conclu Adrien Bourlez. Cette feuille de route devra permettre au syndicalisme majoritaire de conforter sa position lors des prochaines élections à la chambre d'agriculture, qui auront lieu début 2019. Le président de la FDSEA l'espère en tout cas.

Sébastien Duperay

 

Intervention

Environnement : un contrat de solutions pour l’avenir

Eric Thirouin, secrétaire général adjoint de la FNSEA, en charge du dossier « environnement », a présenté vendredi le Contrat de solutions de la FNSEA visant une trajectoire de progrès pour la protection des plantes.
« Notre objectif est d’avoir des solutions d’avance sur d’autres pays ! » a martelé vendredi Eric Thirouin tout en présentant la palette de solutions proposées par la FNSEA déclinées dans un contrat aux objectifs ambitieux. Selon la FNSEA, « la protection des plantes ne doit pas être, ne doit plus être un sujet de polémiques mais s’inscrire comme un sujet d’avenir partagé ». Selon Eric Thirouin, « nous avons un chape de plomb qui pèse sur nos épaules, alors qu’en fait 87 % des français disent aimer les agriculteurs. Nous sommes quasiment la profession la mieux aimée en France. Des efforts considérables ont été réalisés, les agriculteurs ont changé leurs pratiques, on va d’interdictions en interdictions. En juin dernier nous avons décidé de dire : on arrête tout ça ! Nous avons rassemblé 35 organisations agricoles et de recherche dans une démarche visant ensemble à trouver des solutions de protection des cultures efficaces et durables. Aujourd’hui nous sommes une quarantaine, sans oublier les ministères de l’Agriculture, de la Recherche, de la Santé… ». Les objectifs poursuivis seront de : répondre aux attentes sociétales concernant les produits phytosanitaires ; garantir la productivité, la rentabilité et la compétitivité des exploitations agricoles et de disposer de solutions alternatives pour avancer dans cette trajectoire de progrès.
Près de 300 pistes de solutions
Ce Contrat de solutions, qui devrait être signé avant la fin du premier semestre 2018, comprend pas moins de 292 mesures. Sept grandes thématiques et volets d’amélioration s’en dégagent : les pratiques agronomiques, l’amélioration des plantes et l’innovation variétale, l’agriculture numérique, la robotique et l’agroéquipement, le bio contrôle, les produits de protection des plantes innovants, ainsi que les démarches de filières et de territoire, conseil, formation, diffusion. « On s’est aperçu que les solutions étaient combinatoires pour trouver
« la » vraie solution agronomique pour nos exploitations. Les solutions c’est bien, mais il faut aussi que l’on puisse contractualiser. Il va donc falloir que le ministère change la réglementation pour pouvoir s’adapter. Nous voulons un projet commun et faire en sorte qu’il n’y ait plus de distorsion de concurrence exacerbée. Notre objectif est d’avoir une solution d’avance sur d’autres pays », ajoutait vendredi Eric Thirouin, tout en se voulant pragmatique : « nous avons des alternatives, mais le zéro phyto n’est pas possible. Tout est question d’équilibre et de bon sens paysan ».
Et le président de la FDSEA, Adrien Bourlez de réaffirmer haut et fort : « Subir, ça suffit ! Il faut que l’on soit force de propositions. Ce contrat de solutions en est un bel exemple ! ».
Quid du soutien de l’Etat ?
Questionné par Jonathan Janichon, responsable de la section bovine de la FDSEA, sur le soutien attendu de la part de l’Etat pour que les exploitations retrouvent de la compétitivité, Eric Thirouin répond : « C’est tout l’enjeu des Etats généraux de l’alimentation. Mais à l’intérieur du projet de loi il n’y a que des charges nouvelles. Or si l’on veut investir, si l’on veut évoluer, il faut faire en sorte de ne pas avoir de contraintes mais un accompagnement. Il faut que le gouvernement assume. Nous travaillons afin de proposer des amendements. Nous sommes un syndicat de solutions, un syndicat responsable, uni pour construire l’agriculture de demain ».
Patricia Flochon

 

 

Ils ont dit

Gaëtan Richard, président des Jeunes Agriculteurs

« La meilleure des solutions pour préserver notre agriculture, c'est le renouvellement des générations. Rappelons qu'en 2017, seulement 29 installations ont été validées en CDOA. A nous de travailler tous ensemble sur un nouveau mode de transmission du patrimoine et du capital » a rappelé le président des JA. A propos des Etats généraux de l'alimentation, il souligne : « Il faut absolument que les pouvoirs politiques répondent à nos attentes. Ce sera seulement avec des prix que l'on sauvera les agriculteurs et que l'on arrivera à mettre en place le Contrat de solutions ».

Michel Joux, président de la chambre d'agriculture

« Dans l'Ain, il y a une réelle concertation entre tous les présidents d'organisations professionnelles agricoles. Cette unité professionnelle est exceptionnelle. Il faut que nous puissions continuer à la faire vivre. L'agriculture française est la meilleure du monde ; or ce n'est pas toujours ce que l'on entend, y compris dans les médias. On peut encore faire des choses quant à l'emploi des produits phytosanitaires, mais on est déjà haut dans le processus. La rentabilité passe par la construction du prix. Le Président Macron a mis le dossier sur la table mais il faut qu'il aille jusqu'au bout pour pouvoir répartir la valeur ajoutée. Il faut aussi de la compétitivité. Il nous faut ces treize mesures pour avoir de la rentabilité. Les discours du président sont séduisants, mais il nous faut des actes afin que des jeunes agriculteurs puissent s'installer demain. »
P.F.