JA de l'Ain
Les enjeux des jeunes agriculteurs dans le département
Entretien avec Justin Chatard, président des Jeunes Agriculteurs de l'Ain.
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les jeunes agriculteurs de l'Ain lors de leur installation ?
Justin Chatard : L’installation est primordiale pour renouveler les générations et maintenir notre souveraineté agricole. Mais en effet, ce n’est pas une étape facile pour les jeunes motivés. Aujourd’hui, les montants d’investissements sont très importants. Avec la hausse des matières premières, du matériel, et des bâtiments, il est difficile de se projeter dans le temps et d’avoir une vision sereine pour l’avenir des exploitations.
Même avec la passion et la détermination des jeunes, l'augmentation des charges, les aléas climatiques et les crises sanitaires comme la FCO, la MHE, la grippe aviaire ou encore la peste porcine, ainsi que la fluctuation des prix, rendent difficile une vision à long terme. De plus, la lourdeur administrative des dossiers d’installation devient une véritable contrainte pour ceux qui sont en projet.
Pour pallier ces obstacles, nous devons continuer de défendre nos productions, innover pour répondre aux aléas climatiques et surtout, accompagner les jeunes via la Dotation Jeune Agriculteur (DJA) et la formation, afin de les aider à monter en compétences et à devenir de futurs chefs d’exploitation.
La transmission des exploitations agricoles est un enjeu crucial. Comment les Jeunes Agriculteurs de l'Ain œuvrent-ils pour faciliter cette transmission, notamment en dehors du cadre familial ?
J.C. : Aujourd’hui, plus de 55 % des agriculteurs ont plus de 50 ans, donc le renouvellement des générations et la transmission sont des enjeux plus que jamais d’actualité, que ce soit pour les exploitations individuelles ou pour les GAEC en recherche d'associés.
Nous devons préparer les cédants à transmettre leurs exploitations dans les meilleures conditions possibles pour les jeunes désireux de s’installer. Il faut aussi parvenir à mettre en relation les cédants sans repreneur avec les jeunes ayant un projet d’installation, afin de susciter de l’intérêt pour les exploitations à reprendre. En outre, il est nécessaire d’améliorer la fiscalité afin de limiter les montants d’investissements, en particulier les parts sociales, pour faciliter l’entrée dans les sociétés.
Comment envisagez-vous l'évolution de l'agriculture dans l'Ain au cours des dix prochaines années ? Quels sont, selon vous, les grands défis et opportunités pour la jeune génération d'agriculteurs ?
J.C. : Je reste persuadé, malgré toutes les contraintes, que notre métier a de l’avenir. C’est un métier vertueux et d’intérêt majeur. Il est crucial que l’agriculture et l’alimentation retrouvent une place importante dans la société, afin que notre profession soit reconnue à sa juste valeur et que nous puissions continuer à fournir une nourriture de qualité dans nos assiettes.
Nous avons la plus belle agriculture du monde, et il faut en être fier. Les consommateurs, les citoyens et les politiques doivent faire confiance à leurs agriculteurs pour limiter les contraintes supplémentaires. Cela permettra de préserver notre souveraineté alimentaire, car perdre cette souveraineté serait un véritable drame d’un point de vue écologique, sanitaire et pour le maintien de nos paysages.
À travers les prochaines élections des chambres d’agriculture, nous porterons un projet ambitieux pour le maintien et le développement de nos filières et de l’agriculture aindinoise. Un programme fort sera également mis en avant en matière d’accompagnement à l’installation et à la transmission, car cela est primordial pour renouveler les générations et renforcer notre souveraineté alimentaire. Nous devons aussi soutenir les agriculteurs dans la lutte contre les aléas climatiques en innovant et en investissant pour en limiter les effets.
Sandra Goyon