Hasard du calendrier, la session de rentrée du Conseil départemental s’est déroulée lundi, le jour même de l’installation du nouveau gouvernement Barnier. Chantal Mauchet, préfète de l’Ain, présentait le rapport d’activité des services de l’Etat.
Alors que la composition du nouveau gouvernement était enfin connue le week-end dernier, le Conseil départemental débutait lundi sa session de rentrée avec des attentes marquées concernant la reconnaissance du rôle des collectivités. Son président, Jean Deguerry, évoquant les difficultés budgétaires du pays, assènera : « De là à considérer qu’elles sont dues aux collectivités locales, comme le Ministre démissionnaire Bruno Lemaire à osé l’affirmer peu avant de rendre son tablier, est proprement scandaleux. Cela m’effraie de constater que beaucoup trop de nos décideurs nationaux et parisiens n’ont toujours pas compris que les collectivités locales ne sont pas le problème mais bien la solution. J’espère que Michel Barnier, ancien président du conseil général de Savoie, ne l’oubliera pas ! »
Adressant ses félicitations à Olga Givernet, nommée ministre déléguée en charge de l’énergie, il saisissait la balle au bond pour lui lancer publiquement un appel. « Olga Givernet saura je l’espère défendre les intérêts du département, à commencer par entériner le changement de nom de la future centrale nucléaire, comment le réclament nos viticulteurs et les élus locaux. Et qu’elle sera vigilante à aider le département face au mur d’investissements que ce chantier va générer, particulièrement dans le domaine des transports, des logements et d’autres infrastructures. »
« France 2030 », 67 M€ déjà attribués à 48 entreprises aindinoises
Une session de rentrée à laquelle était invitée la préfète Chantal Mauchet, pour la présentation du rapport annuel d’activité des services de l’Etat. Trois actions majeures ont caractérisé l’action de l’Etat dans le département en 2023 : l’action en faveur de la souveraineté économique et de la transition écologique, la cohésion sociale et les services au public sur tout le territoire, ainsi que l’initiative et la mobilisation en faveur de l’ordre républicain.
Concernant le plan « France 2030 » (plan d’investissement pour la France), Chantal Mauchet précise : « France 2030 est doté de 54 milliards d’euros au niveau national dont la moitié pour les projets de décarbonation. Depuis 2021, l’Ain a déjà bénéficié de 67 millions d’euros au titre de France 2030, répartis entre 48 entreprises. S’agissant des grands projets industriels, l’année 2023 a été marquée par la décision du Conseil de politique nucléaire, présidé par le Chef de l’État, d’implanter deux réacteurs de nouvelle génération dans la plaine de l’Ain. Ainsi le département va-t-il continuer à l’avenir à jouer un rôle-clé dans la stratégie nationale de décarbonation et de production d’électricité ; une opportunité de développement économique formidable pour le territoire avec un besoin de plus de 8 000 emplois dès le démarrage du chantier prévu en 2027. »
Energies renouvelables et préservation de la ressource en eau
Deuxième pilier de la stratégie énergétique : le développement des énergies renouvelables. Ainsi que le rappelait la préfète, La loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables du 10 mars 2023 a confié un nouveau rôle aux communes. Elles ont engagé un travail de concertation locale avec leurs habitants pour identifier les zones les plus propices pour accueillir des projets de production d’énergie renouvelable et créer des « zones d’accélération ». Et de préciser : « Je tiens à souligner l’engagement des communes de l’Ain qui sont plus de 140 à ce jour à avoir défini ce zonage, qui permettra d’orienter les porteurs de projets vers les secteurs où l’acceptabilité est la meilleure. J’ai décidé d’engager une période d’identification complémentaire jusqu’au 31 octobre prochain, pour permettre aux communes qui n’ont pas encore identifié de zones ou pour celles nécessitant encore des échanges techniques avec les services de l’État de finaliser leurs travaux. »
Autre enjeu majeur : la préservation de la ressource en eau. L’Etat reste mobilisé, dans le cadre de la démarche collective « L’eau de l’Ain », associant le Département et les chambres consulaires, pour porter collectivement des projets concrets.
Service agricole unique : l’Ain et le Rhône départements pilotes
L’occasion pour Chantal Mauchet de rebondir sur les conséquences du changement climatique sur l’agriculture et les difficultés rencontrées par la profession. « J’ai tenu, avec la direction départementale des territoires et la direction départementale de la protection des populations, à être aux côtés des représentants professionnels pour travailler à leurs propositions de simplification. J’ai ainsi engagé un cycle de dialogue « l’agenda agricole de l’Ain » qui a été très constructif et que le directeur départemental présentera à la prochaine session de la Chambre d’agriculture. Le succès des permanences agricoles que les services de l’État ont tenues dans les quatre arrondissements du département au mois de mars nous ont conduit à engager avec la Chambre d’agriculture une expérimentation : grâce à des financements État du fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) alloués sur trois ans, le service unique agricole a ainsi pris le relais pour offrir aux agriculteurs une prise en charge personnalisée. Une France Service Agricole en quelque sorte. »
Patricia Flochon
Fièvre catarrhale ovine : l’indemnisation des éleveurs à l’étude
Interpellée par Damien Abad afin de d’obtenir « un point de situation » sur la stratégie de vaccination et d’indemnisation des éleveurs face à la vague de FCO, la préfète de l’Ain précisait : « C’est une situation très sérieuse. Cette FCO a deux stéréotypes, le 4, et le 8 qui a repris de la vigueur. Les éleveurs sont réticents à vacciner pour des raisons de coûts et de main d’œuvre. Nous sommes aujourd’hui dans une zone régulée. Le ministre de l’agriculture a lancé une campagne volontaire de vaccination, avec 6,4 millions de doses disponibles, gratuites, fournies par l’Etat aux éleveurs. 5,3 millions de doses complémentaires sont commandées depuis fin août. L’indemnisation des éleveurs est encore à l’étude. »