SYNDICALISME
Revalorisation des retraites : « On est encore loin du compte ! »

Patricia Flochon
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Forte de quelque 500 adhérents, la section des anciens exploitants de la FDSEA a tenu son assemblée générale le 20 avril. Retour sur les dossiers abordés, avec en point d’orgue la revalorisation des petites retraites agricoles.

Revalorisation des retraites : « On est encore loin du compte ! »
L’assemblée générale du 20 avril sur le site des Organisations d’élevage à Ceyzériat. PHOTO/ PF

C’est entouré du secrétaire général de la SNAE (Section nationale des anciens exploitants) de la FNSEA, Jean-Paul Lecourt, et du président de la section régionale (SRAE), Jean-Claude Chalancon, que René Geoffray a présidé le 20 avril l’assemblée générale de la section départementale de l’Ain sur le site des Organisations d’élevage à Ceyzériat. Rentrant dans le vif du sujet, cheval de bataille syndical, à savoir la revalorisation du montant des retraites agricoles, il rappelle : « Grâce à la loi Chassaigne 1 nous avons obtenu 85 % du Smic, soit environ 1 150 € par mois brut pour une carrière complète. Il nous a fallu dix-huit ans pour obtenir cette avancée ! ». Tout en déplorant dans la foulée : « La loi Chassaigne 2, examinée en fin d’année 2021, a été moins avantageuse pour nos conjointes, conjoints et aides familiaux qui n’ont obtenu que 753 € par mois. Nous considérons qu’il s’agit d’une première étape vers les 85 % du Smic ». Selon le président de la SDAE, deux chiffres importants sont à retenir : « La moyenne des retraites en France en 2021 était de 1 400 € net ; celle des retraités agricoles de moins de 1 100 € net. Le seuil de pauvreté en France est de 1 102 €, or la majorité des retraites agricoles sont en dessous de ce seuil. D’autre part on nous annonce une inflation de 6 à 10 % et plus pour 2023 ». Si la prise en compte des 25 meilleures années pour le calcul des futures retraites est vécue comme une avancée majeure, il faudra encore attendre le 1er janvier 2026 pour son application (sous réserve du vote du décret d’application). 
 
Pour une revalorisation « juste » des petites retraites
 
Autre revendication des anciens exploitants de la FDSEA : l’obtention du retrait des pensions de réversion versées aux veufs et veuves pour le calcul de leurs retraites. « L’évolution de nos retraites devra être indexée sur le Smic et non plus à l’emporte-pièce comme le fait notre Gouvernement », s’insurge René Geoffray. Et le président de la section départementale d’insister : « Notre attente est toujours très forte de voir s’appliquer la cinquième branche de la protection sociale, dédiée à la prise en charge de la dépendance ; son financement devra être assuré par la solidarité nationale, sa gestion confiée à la Mutualité sociale agricole. Vigilance également sur les conditions de vie sociale et financière des personnes seules, veuves, veufs et invalides insuffisantes, dues à une réversion insuffisante et à des avantages fiscaux supprimés. L’aggravation de la désertification des services de santé, l’accès aux moyens de communication modernes sur nos territoires ruraux font parties de nos préoccupations majeures ». Autre thème abordé lors de cette assemblée générale : « Les arnaques envers les personnes âgées, comment y faire face ? », avec l’intervention de l’adjudant-chef François Bréfort, commandant à la Maison de protection des familles de l’Ain (MPF 01), conseils à l’appui sur la sécurité des personnes et des biens, rappel du dispositif Tranquillité Vacances, la vigilance numérique, etc. Ainsi que la présentation par Eva Poloni, chargée de mission animation de la FDSEA, du déploiement du projet de Groupements fonciers agricoles mutuels (GFAm), « une solution collective pour sécuriser le foncier agricole et en faciliter l’accès aux jeunes agriculteurs souhaitant s’installer (sujet détaillé dans nos précédentes éditions) ». 

Ils ont dit

Jean-Paul Lecourt, secrétaire général de la SNAE
La revalorisation des petites retraites : « On les a revalorisées, mais on s’aperçoit qu’entre les retraites très faibles qui ont augmenté et celles qui étaient un peu plus hautes qui n’ont pas augmenté, aujourd’hui l’étau se resserre. Il faut donc une augmentation généralisée des retraites, pour tout le monde. Qu’elles soient indexées sur l’augmentation du Smic et du coût de la vie ». 
Attirer de nouveaux adhérents : « Il y a de moins en moins d’agriculteurs, donc il y aura moins de retraités, et donc comment inciter à adhérer. Plus on est nombreux, plus on est fort. À Angers à notre congrès, on nous a dit qu’en 2030, 1 600 agriculteurs vont partir à la retraite. Il faut que l’on se donne les moyens. Nous avons imaginé une méthode. À commencer par le renforcement de notre volet animation, le lien avec les SDAE, outiller nos animateurs et organiser des séminaires annuels. Il faut également développer l’accès à l’informatique pour nos adhérents et aussi améliorer la communication entre le national et le local ; et s’ouvrir à d’autres associations, partager nos idées avec les autres Organisations professionnelles agricoles. Également accompagner le bien-vieillir et apporter des services et avantages à nos adhérents : voyages, mutuelles santé, etc. ». 
 
Jean-Claude Chalancon, président de la section régionale des anciens exploitants
« Le 1er novembre 2021 nous avons obtenu 85 % du Smic, mais en 2023 le Smic agricole reste plus faible que le Smic normal, avec des écarts de 10 à 12 € selon les périodes. Pour la loi Chassaigne 2, au niveau de notre Région nous avions demandé 85 % du Smic, mais nous sommes loin du compte et c’est surtout impensable de constater que la pension de réversion est prise en compte dans le calcul pour les veufs et les veuves. Tous ces éléments sont dramatiques ».
 
Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture et président de la FDSEA Auvergne Rhône-Alpes
« La FNSEA a avancé sur le dossier des retraites, mais il faut que cela passe aussi par la solidarité nationale. Il est nécessaire également de renouveler les générations. La rentabilité et la reconnaissance ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Il faut une parole politique forte ».
 
Olivier de Seyssel, président de la Mutualité sociale agricole
« Je veux alerter sur le fait que nous avons des gens en grande difficulté actuellement, aussi bien chez les actifs que les retraités. Avec l’ensemble des organisations professionnelles agricoles, nous avons mis en place l’association REAGIR avec un réseau de sentinelles afin de détecter les personnes en difficulté pour les aider. Nous avons des moyens humains et financiers au niveau des caisses MSA. N’hésitez pas à alerter nos collaborateurs. Cela s’applique aussi aux situations de mal-être : problèmes personnels, burn-out, etc. ».