PORTRAIT
Robert Platre, le chef d’orchestre qui met en musique le jury
Sommité dans le monde des concours de labour, Robert Platre préside le jury de la finale départementale depuis dix-neuf ans. En 1995, il avait déjà organisé la finale nationale à Cibeins.
Il connaît le monde du labour comme sa poche. Au fil des années, ce mordu de concours qui n’a pourtant lui-même jamais participé à un départemental, a accumulé quantité de souvenirs dans sa maison de Saint-Martin-du-Mont : des albums photos, des brochures et articles de presse, et même un trophée à l’effigie d’une charrue. Depuis dix-neuf qu’il préside le jury de la finale départementale de labours, l’agriculteur ne s’en lasse pas. « Ce n’est pas moi qui donne les notes. Mon rôle se joue plutôt en amont de la compétition puisque je dois constituer les équipes de jurés. Le jour J, je précise les consignes le matin comme la profondeur du labour, puis il y a le tirage au sort des parcelles. Ensuite il faut savoir s’adapter face aux imprévus, par exemple si un concurrent tombe en panne. »
Rompu à l’exercice, Robert Platre reconnaît qu’il n’est pas toujours aisé de trouver des volontaires. Alors, tel un directeur de casting, le président de jury tient un répertoire bien fourni de candidats potentiels qu’il garde précieusement dans une de ses chemises cartonnées. « On essaye toujours de prendre en priorité les anciens champions, ils connaissent le labour mieux que quiconque. Pour les équipes, on essaye de regarder s’il n’y a pas de lien de parenté avec un des laboureurs, auquel cas on met le juré dans l’autre catégorie. Il faut aussi être attentif au canton d’origine des jurés afin qu’il n’y ait pas de favoritisme (même inconscient). C’est important de bien connaître les gens », insiste-t-il. Lors de la compétition, il n’est pas rare de le voir sillonner l’espace de labour. De la raie d’ouverture jusqu’aux finitions, il prend toujours la température, carnet de notes à la main. « En cas de litige par exemple c’est toujours la dérayure que l’on regarde. »
« Lucien Raccurt a formé des générations de laboureurs »
Une véritable passion qu’il a alimentée « en commençant très tôt », d’abord en organisant le cantonal de Pont-d’Ain dans les années 1980 puis en organisant en 1995 avec Anne Brevet, alors secrétaire du CDJA qui deviendra sa compagne, la finale nationale à Cibeins. « Nous étions une petite équipe à suivre les départementaux et régionaux. Nous avions suivi Yves (Thiévon, NDLR) dans les Landes pour la finale nationale et en revenant on s’est dit « pourquoi ne pas l’accueillir la prochaine fois » ». Le dossier déposé, il n’est pas accepté tout de suite, et passera après le Jura, et le Finistère. « C’est une année de boulot, mais c’est intéressant, on apprend à parler et à connaître les gens. Nous avons les financements de départ mais ensuite il faut aller chercher les partenaires, discuter avec les élus locaux. » De cette finale nationale, Robert Platre n’en garde que quelques vagues souvenirs : « Je n’ai rien vu de la journée. Le matin il y a la messe des laboureurs, puis l’arrivée du ministre (Charles Millon, NDLR) qui donnait le top départ, puis il y a la tournée des officiels. »`
Les Landré, Rousset, Thiévon, Thomasson, Stival, Bourret, Soupe, Raccurt … depuis ses débuts Robert Platre a évolué avec la crème des laboureurs. « Pourquoi on a tant de champions dans l’Ain ? Parce que Lucien Raccurt entraînait tout le monde. Il a formé des générations de laboureurs », rappelle-t-il avec respect. Aujourd’hui Robert Platre se réjouit de voir de jeunes passionnés participer ou même simplement venir regarder le départemental pour apprendre. Et de lâcher : « Le reste c’est de l’expérience ! ».
Margaux Balfin