PISCICULTURE
Sauvés par la pluie, les étangs de la Dombes ont fait le plein et sont en route pour une belle saison

Margaux Balfin
-

Après une année placée sous le signe de la sécheresse et une production catastrophique tout juste assurée par quelques pêches de sauvetage, la filière piscicole voit enfin son agonie prendre fin avec une pluviométrie exceptionnelle cet hiver. 

Sauvés par la pluie, les étangs de la Dombes ont fait le plein et sont en route pour une belle saison
Stéphane Mérieux, président du syndicat des étangs de la Dombes. Photo/PF

L’espérance, c’est sortir par un beau soleil et rentrer sous la pluie. Il y a un siècle, notre confrère Jules Renard n’aurait sans doute pas cru si bien dire. Pourtant l’espérance est aujourd’hui de mise pour la filière piscicole. Après une année 2023 placée sous le signe de la sécheresse – hivernale puis estivale – les pisciculteurs de la Dombes ont vu leur asphyxie étouffée par les pluies salvatrices de cette fin d’année. « C’est une très bonne nouvelle, se réjouit le président du syndicat des étangs de la Dombes Stéphane Mérieux, Lorsqu’on a fini la saison dernière, on ne s’attendait pas à avoir ce volume de précipitation tout de même exceptionnel. » Cette pluie a en effet permis de remplir la quasi-totalité des étangs à 100 % de leur capacité. « C’est quelque chose que l’on imaginait très mal sachant que certains étangs étaient presque à sec et qu’il est très compliqué de remplir des chaînes complètes », poursuit le président. La saison est même précoce, certains étangs atteignant déjà le niveau de l’ébie (trop plein) alors qu’en règle générale cela s’observe plutôt à partir de la première quinzaine d’avril. Et comme dit le bon vieux dicton, pleins au printemps, bonnes pêches d’étangs. 

Manque d’empoissonnage : les écloseries compenseront en partie 

Seule ombre au tableau, un manque d’empoissonnage. « C’est très différent d’une exploitation à une autre. Certains ont gardé beaucoup de volumes l’année dernière pour assurer l’empoissonnage de cette année. Pour d’autres, ce sera plus compliqué avec un empoissonnage parfois de 70 % voire 60 ou 50 % », précise Stéphane Mérieux. Le président du syndicat ne veut toutefois pas céder au fatalisme et préfère garder un ton positif. Après une année catastrophique, le moral des troupes remonte : « Nous étions vraiment sur la corde raide et même des pisciculteurs installés depuis longtemps m’ont dit plusieurs fois qu’ils se posaient la question de ne pas continuer. Heureusement que la pluie est arrivée en octobre. » Du reste, les écloseries devraient permettre de compenser en partie la perte de volume pour l’empoissonnage de ce printemps, et le potentiel de croissance des poissons qui auront plus de place en bassin n’en sera qu’augmenté. Seuls quelques carnassiers et poissons blancs (types gardons et rotengles) seront plus difficiles à trouver. Et Stéphane Mérieux de souligner : « Même s’il ne rattrape pas tout, le travail des écloseries est vraiment important surtout qu’elles se trouvent sur notre territoire. » 

Le Département réoriente ses aides pour la filière  

La filière, forte de 200 à 250 pisciculteurs en production, bénéficiera qui plus est du soutien du Département. Dans un contexte économique tendu après un an de sécheresse, la collectivité a en effet décidé de réorienter 260 000 € de son budget annuel dédié à la filière piscicole dans le cadre de son Livre blanc.  « Cela reviendra à avoir une aide exceptionnelle, confie Jean-Yves Flochon, vice-président délégué à l’agriculture au Département. Nous avons pour la filière piscicole un budget annuel de 870 000 €. Ce sont des montants très importants dédiés, à la fois, au fonctionnement de la filière, à la communication et à l’investissement et c’est cette dernière partie qui va être réorientée sous forme d’aide directe aux producteurs et aux collecteurs. » Une très bonne chose pour le président des pisciculteurs alors que la filière a terminé l’année avec une production à seulement 30 % d’une année normale (tout juste 350 tonnes de poissons contre 1 000 tonnes de moyenne annuelle). 

La filière a également sollicité la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour obtenir une aide exceptionnelle, appuyée par les élus écologistes régionaux, Maxime Meyer en tête. Jeudi 21 mars, le groupe Europe Écologie Les Verts déposait ainsi un troisième amendement en six mois pour demander le déblocage d’un fonds d’urgence, rapportent nos confrères du Progrès. A ce sujet, Fabrice Pannekoucke, vice-président délégué à l’agriculture, en visite dans le département, a promis lundi 18 mars qu’une réponse serait apportée dans le printemps au sujet de la Dombes.