AVICULTURE
Volailles : à quand une application stricte de la loi EGAlim ?

Patricia Flochon
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Comme dans d’autres régions, les aviculteurs de la Dombes peinent à faire appliquer la loi EGAlim pour une juste rémunération de leur travail. Après moult tractations avec le groupe LDC, l’espoir de voir leurs propositions aboutir se fait jour.

Lors de l’assemblée générale du Gad (Groupement des aviculteurs de la Dombes) le 22 mars dernier à Mionnay, son président, Laurent Soileux, débutait son rapport moral par des propos introductifs quelque peu moroses, reflétant un contexte préoccupant pour la filière avicole. « Pour le groupement, l’année 2023 a été assez compliquée dans l’ensemble : une baisse de volumes en label/pintade, un marché national tendu, un commerce de nos opérateurs difficile, avec des coûts et des charges de production à un niveau jamais atteint ! ». Concernant la production de canards, même topo : « la situation est semblable avec des volumes en baisse, due à des arrêts de bâtiments. Mais nous avons su nous adapter pour répondre à l’attente de nos abattoirs. »

Au total, le Gad a enregistré près de 945 000 volailles mises en place en 2023, soit 505 600 canards et 439 390 volailles label rouge. Concernant le label rouge, Laurent Soileux annonce une baisse de production en 2024, principalement « due au désengagement de l’abattoir Guillot Cobreda du groupe LDC sur le poulet jaune et chapon jaune qui nous oblige à devoir adapter nos mises en place », tout en remerciant dans le même temps Valéry Miéral (Les Volailles Miéral) et Alan Scour (abattoir Gavand-Prudent) « pour leur écoute quant à nos besoins de maintenir des volumes suffisants. Malgré des augmentations des durées de vide sanitaire, nous saurons maintenir des volumes acceptables et proportionnés à notre structure. » 

Loi EGAlim, le sujet qui fâche

L’application de la loi EGAlim est toujours à la peine. « En mai-juin 2023, le groupe LDC nous proposait un contrat EGAlim sur un indice « aliments » Itavi et une discussion de gré à gré pour toutes les autres charges. Contrat que nous avons refusé de signer en l’état. Depuis nous avons beaucoup travaillé ensemble sur l’élaboration de nos coûts de production. Or il manque entre 10 et 13 % de revalorisation du prix de reprise. Il faut raisonner filière. C’est la première fois en vingt ans que l’on pose une demande claire et chiffrée. On attend juste cette revalorisation pour lancer des projets. Le mouvement agricole a changé la donne. Si l’on veut encore manger français demain, il va falloir maintenir des bâtiments. Ce n’est pas un combat, c’est une vraie responsabilité. » Des propos soutenus par Patrice Labrosse, président de la coopérative de production avicole de Saône-et-Loire, spécialisée dans la production de canards de chair (CPASL) : « Nous avons vraiment un intérêt commun avec le Gad, à savoir arrêter de se faire malmener par notre client, qu’on arrête de subir ! A quelques euros près, on a trouvé les mêmes chiffres, avec l’espoir cette fois-ci d’obtenir gain de cause. »

Un enjeu d’autant plus fort que l’Ukraine est devenue le deuxième fournisseur de viande au niveau européen. Avec une plaque tournante commerciale qui passe par les Pays-Bas : « un coup de ciseau et le produit devient européen, ce qui pose de gros problèmes de traçabilité », rappelle Hervé Morey (Soréal Sud-Est). Quel avenir pour les éleveurs de poulet, sachant qu’un éleveur sur deux a plus de 50 ans. Des éléments démographiques importants qui vont peser sur le renouvellement des générations.

Fiche d’identité du Groupement des aviculteurs de la Dombes

25 éleveurs

39 bâtiments en label rouge et 13 canardières

6 couvoirs partenaires : Grimaud (canard et pintade), Orvia, Socavic, Dubois, Goasduff (poussins), Hendrix (dindes)

5 abattoirs : Palmid’Or, Miéral, France Select, Guillot Cobreda et Mairet (le désengagement de Guillot Cobreda sera acté fin mai 2024)

Fabricant d’aliment : Soréal Sud-Est

ODG : Sequoia

Organisme de contrôle : Qualisud