ARBORICULTURE
Recréer du lien entre recherche et production

Mardi 28 octobre, le comité stratégique fruit Auvergne-Rhône-Alpes avait invité le vice-président de la Région en charge de l’agriculture, Olivier Amrane sur l’exploitation de Patrick Reynard à Chaussan (Rhône). L’occasion de partager avec l’élu régional les besoins et projets de la filière arboricole.

Recréer du lien entre recherche et production
À l’invitation du comité stratégique fruits, Olivier Amrane s’est rendu sur une exploitation arboricole du Rhône où la question sanitaire a largement été évoquée. ©MCSB-Apasec

« Nous ne voulons pas de tronçonneuses dans les vergers. » Le cri d’alerte a été lancé par le président du comité stratégique fruits Auvergne-Rhône-Alpes (CSF Aura), Gilbert Chavas, le 28 octobre face à OIivier Amrane, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l’agriculture et Bruno Ferreira, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) en visite sur une exploitation rhodanienne. La filière arboricole régionale fait, en effet, face à divers enjeux qui détermineront son avenir. Si convaincre des jeunes à reprendre le flambeau fait partie des priorités, le sanitaire, et notamment la lutte contre la drosophila suzukii (DS), occupe tous les esprits.

Solution et recherches

Aujourd’hui, pour lutter efficacement contre cette espèce invasive, présente sur le territoire aurhalpin depuis 2011, les producteurs n’ont à leur disposition que les filets insect-proof. Ce procédé est certes efficace, mais onéreux et entraîne des conséquences indéniables sur la conduite du verger et sur la récolte. De son côté, l’Inrae conduit des expérimentations autour de la Ganaspis cf. brasiliensis, un parasitoïde prédateur naturel de la DS. Des lâchers ont eu lieu en début d’été et ce début d’automne. « L’enjeux avec ces lâchers est de voir si cette micro-guêpe peut s’acclimater et se reproduire chez nous, à l’image de ce que nous avions fait avec le Torymus sinensis pour lutter contre le cynips du châtaignier », a souligné le producteur ardéchois et président du conseil spécialisé fruits et légumes de FranceAgriMer, Aurélien Soubeyrand. Des expérimentations qui semblent, aux yeux des producteurs, tarder à aboutir. « Il y a urgence et cette urgence ne semble pas être la même pour la recherche que pour le terrain, a clamé Aurélien Gayet, arboriculteur dans le Rhône et président de la Fredon Aura. Il faut que nous avancions vite. » « Le sanitaire sera notre priorité pour les dix prochaines années. Nous devons mener une importante réflexion globale », a ajouté le président de la chambre régionale d’agriculture, Gilbert Guignand.

Redonner espoir

Alors, tous sont persuadés : il faut recréer du lien entre la recherche et la production. Tel est l’objectif du projet « Maturation » porté par le CSF Aura. « Notre ambition est de recenser toutes les pistes prometteuses et de les faire connaître aux producteurs. C’est une myriade de solutions mises bout à bout qui permettra de redonner espoir à la filière et d’installer des jeunes », a expliqué Christophe Gratadour, responsable de l’équipe arboriculture et maraîchage à la chambre d’agriculture du Rhône et coordinateur du projet pour le CSF, avec Eugénie Couzon, animatrice. Si ce projet a rencontré un véritable engouement parmi les professionnels et la recherche*, il a essuyé début octobre un refus de financement par FranceAgriMer. Refus inacceptable pour les représentants professionnels. « Nous ne lâcherons rien. Un recours a été déposé », a confirmé Gilbert Chavas. Une détermination saluée par Bruno Ferreira convaincu du bien-fondé du projet. Ce dernier a d’ailleurs assuré de son soutien pour que le projet aboutisse. De son côté, Olivier Amrane a réaffirmé que l’agriculture, malgré le contexte budgétaire global compliqué, resterait une priorité régionale. Pour lui, l’expérimentation et la recherche demeurent primordiales pour l’avenir de la profession agricole. « Je défendrai toujours ceux qui remplissent nos assiettes. Notre rôle est de montrer l’exemple. »

Marie-Cécile Seigle-Buyat

*Le projet maturation a le soutien partenarial de la Sicoly, de Califruits, de l’Afrel, de la Sefra, de l’AOP Cerises de France et de l’AOPn Fraises et Framboises de France, de l’Inrae, de la chambre d’agriculture du Rhône, de la chambre régionale d’agriculture, de la communauté de communes de la Copamo et de producteurs indépendants. Le CTIFL a également été informé de ce projet.
L’Info en plus

La mesure 203 rouverte mi-novembre

Limiter les risques climatiques et sanitaires est l’un des enjeux d’avenir de la filière fruits régionale. Pour les accompagner, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dans le cadre du Feader, a créé la mesure 203 : Investir dans les productions végétales pour limiter les risques climatiques et sanitaires. Lancée en 2023, elle est, au grand dam des professionnels de la filière, en dormance aujourd’hui. Toutefois, Olivier Amrane, vice-président de la Région en charge de l’agriculture l’a affirmé le 28 octobre : « Elle sera réouverte mi-novembre ». De quoi satisfaire les représentants professionnels présents.

INFO +

FCO : reconstituer le cheptel

Olivier Amrane, vice-président de la Région en charge de l’agriculture, a indiqué que la Région, en lien étroit avec et à la demande de la profession agricole, travaillait sur une aide financière à la recapitalisation du troupeau. « Il faut que, derrière, les professionnels jouent le jeu de la vaccination. Il est primordial d’inciter, tous ensemble, les jeunes générations à protéger leur troupeau dès le départ. En effet, le risque de tout perdre en un instant est trop grand. » La profession appelle également l’État à s’engager à ses côtés sur ce dossier.