AGRONOMIE
Comprendre l’importance de semer au plus tôt son couvert

Margaux Legras-Maillet
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Rémi Berthet, conseiller Acsel Conseil élevage, revient sur les avantages de semer dès les premiers jours après la moisson son couvert végétal, pour gagner en rendement. 

Comprendre l’importance de semer au plus tôt son couvert
En semant un couvert végétal tôt et en profondeur, on facilite la levée et l’enracinement des couverts en profitant de l’humidité des sols. Photo/MLM

Alors que la moisson d’orge et de blé d’hiver a commencé – on estime un rendement moyen de 64 q/ha dans le département pour l’orge, soit près de 5 % de plus qu’en 2022, selon Agreste – la question des semis de couverts se pose. « Il faut semer le plus rapidement possible après la moisson, trois ou quatre jours après, et ne pas hésiter à semer en profondeur, c’est-à-dire à 5 cm », invite Rémi Berthet, conseiller chez Acsel Conseil élevage, spécialiste fourrage et agronomie. En semant tôt et en profondeur, on facilite la levée et l’enracinement des couverts en profitant de l’humidité des sols. Le semis direct, lorsqu’il est possible, facilite également la réussite du couvert en été. 
Parmi ses nombreux avantages, le couvert limite le salissement des parcelles, la compaction et améliore la structure des sols. Un intérêt non négligeable, en particulier les années pluvieuses. « À partir de deux tonnes de matière sèche, on réduit de 90 % la pression des adventices », explique Rémi Berthet. D’où l’intérêt de le semer tôt pour profiter d’un maximum d’ensoleillement. « On estime que dix jours de somme de température en juillet équivalent à trente jours de somme de température en octobre, ce qui veut dire un meilleur rendement », poursuit-il.
Quant au choix des espèces, il dépend bien entendu de la rotation, des objectifs et d’autres facteurs. Dans l’idéal, Rémi Berthet conseille de semer des mélanges de cinq ou six espèces de trois familles différentes. « La météo va faciliter certaines espèces et en désavantagé d’autres, mais avec autant d’espèces on est certain d’avoir quelque chose qui pousse », précise-t-il. En cas de sécheresse éventuelle, mieux vaut favoriser des espèces résistantes à la chaleur, donc des graminées (sorgho, avoine brésilienne, etc.) et des légumineuses (vesce commune, pois fourrager, trèfle, etc.). 
À noter que les stocks, de légumineuses en particulier, sont à flux tendu cette année, ce qui a fait grimper les prix. « En comparant l’année dernière et cette année chez les mêmes fournisseurs, on constate que les prix de la vesce d’hiver ont augmenté de 75 %, ceux de la vesce de printemps de 72 %. Le trèfle d’Alexandrie a pris 57 %, le trèfle incarnat 30 %. Seul le pois fourrager a presque baissé et nous est vendu 4 % moins cher que l’année dernière », témoigne Rémi Berthet.